TÉMOIGNAGES
Témoignage de Mme DÉMONTE - habitante de Saint Germain des Prés au Hameau de Volteau
(2016)
(2016)
EMMANUEL DE SAINVILLE
Je suis née le 30 avril 1932. Ma mère est arrivée à Volteau (St Germain) en 1929.
Ma mère a connu Emmanuel de Sainville. Il descendait la côte de St Germain à St Firmin dans sa voiture à cheval, une calèche.
Il avait toujours une cape, une grande barbe, c’était un grand fort bonhomme, le regard assez dur.
La première fois qu’elle l’a rencontré, elle en a eu peur.
Mes parents avaient plutôt affaire avec les gardiens d'Emmanuel de Sainville.
La Maison Rouge, c’est un bâtiment retiré du château en travers de l’autre côté, tout neuf à l’époque, c’était les couvoirs.
De Sainville avait des autruches, mon père a mangé un œuf d’autruche, mais il n’a pas pu manger en entier.
Il avait aussi le parc à l’âne. Il mettait des poulets, des cannes et des oies à couver.
Quand les volailles étaient bien débrouillées prêtes à engraisser, ma grand-mère en prenait une partie pour finir de les élever au blé. Elle les vendait et redonnait une partie des sous à de Sainville.
Ce travail était une des conditions que de Sainville avait exigé de mes grands parents pour leur vendre des terres autour du château. Ma grand-mère me disait que ce travail ne donnait pas grands bénéfices.
Le frère de mon père était à la ferme de la Chaponnière à St Germain,
Ici, on ne dit pas le château, mais le Manoir de Courbevaux.
De Sainville, il entrait par une grille en bas du domaine.
Je ne l’ai pas connu, mais j’ai entendu parler des femmes qui travaillaient là-bas.
Mes grands parents me disaient que des modèles venaient depuis Paris, E. de Sainville faisait de la peinture.
Du temps de E. de Sainville, il y avait un jardinier du nom de IBOT qui était ami de mes grands-parents et ensuite un dénommé SIGOT, leur fils était berger chez mes parents.
Des femmes du lieu-dit les Guillots venaient travailler à Courbevaux pour faire la lessive.
De Sainville avait toutes sortes de plantes qu’il avait ramené de ses voyages à l’étranger.
Il y avait des mahonias, l’hiver le père LANCELOT et sa femme allait cueillir le mahonia, ils le mettaient en balle dans des toiles et avec sa voiture à bras, tous les jours il amenait le chargement à la gare de St Germain. Ça partait en train à Paris pour la décoration des vitrines.
Il y avait même des gens qui venaient en cachette avec un camion. Ils passaient le grillage et cueillaient le mahonia, c’était à l’époque des MERY après le décès de E. de Sainville
Les pierres de la tombe de E. de Sainville viennent de Bretagne.
Après la mort de E. de Sainville, mes parents on été à une vente de meubles à Courbevaux organisée par le notaire ACCAULT.
LA FAMILLE LANCELOT
Vers 1941, mes parents employaient le gardien de Courbevaux Jules LANCELOT parce que au château il n’y avait plus personne. C’était géré par les notaires.
Jules LANCELOT était un ancien fermier qui n’a pas gagné sa vie dans l’agriculture, son frère ainé était de Cudot (Yonne).
Après, à la ferme, on eu Marie LANCELOT et en 1944 1945 Jeanne LANCELOT employée comme domestique chez nous.
J’étais à l’école avec Paulette LANCELOT (il était 7 ou 8 enfants).
Ils habitaient la petite maison avant le château pour garder la propriété.
Jeanne LANCELOT allait voir ses parents le dimanche après-midi. En ce temps là, on travaillait jusqu’au dimanche midi.
J’allais avec elle à Courbevaux, c’était un amusement pour moi.
Au château, il y a deux tours, une plus basse que l’autre. L’entrée est très jolie avec des paons et la mosaïque, mais depuis il y a eu du vandalisme, ils ont mis le feu.
Dans les volières, avec Jeanne notre bonne, on allait aux escargots, les orties étaient très hautes.
Il y a des petits-enfants LANCELOT à Château Renard et un autre à Chalette
L'OCCUPATION ALLEMANDE
Il avait du sacré boulot, ils avaient tout saccagé avant de partir.
Il y avait beaucoup de tableaux que les allemands ont détruits, avec leurs sabres ils ont fait des croix et ont tout balancé dans le vivier (le bassin autour du château)
Les bibliothèques étaient éventrées.
Toutes les batteries de cuisine et la vaisselle ont été jetées dans le bassin, ainsi que des fauteuils. Et ça je l’ai vu…
Dans la grande pièce où il peignait ses tableaux, des femmes nues. Ils aimaient beaucoup les femmes.
Sous le rez de chaussée, on descendait trois ou quatre marches il y avait une grande pièce avec un mur de verre très épais par lequel on voyait à travers les poissons dans le vivier. C’était très joli
Les allemands ont cassé cette vitre et évidement l’eau s’est engouffrée là-dedans. Il y avait des poissons rouges, des tanches grises et rouges.
C’est au bord du vivier qu’on allait à la pêche et même à la pêche aux grenouilles.
Mes parents sont partis en 1945, je suis resté à Volteau jusqu’à mes 19 ans et ensuite je me suis mariée à Amilly.
LES MERY (Marcel & Germaine)
Courbevaux a été racheté par un M. et Mme MERY de Courtenay.
M. MERY n’a pas fait grand chose à Courbevaux, il a tiré du bois, c’est tout, il vivotait. Il avait une vache.
Ils ont divorcé malgré leur grand âge. Un jour Mme MERY est partie, Marcel MERY est resté tout seul pendant au moins 2 ans.
Ils sont restés en tout 4 ans. Ensuite Courbevaux a été mis en vente et c‘est M. PAROUX qui a racheté en 1958.
Les MERY ont fait une vente des objets de Courbevaux avant l’achat par les PAROUX.
LES PAROUX
M. René PAROUX, lui il a fait des frais. Il y avait des échafaudages qui sont restés longtemps pour la raison qu’il ne payait pas d’impôts, c’était une combine. Le maçon c’était un copain, un certain Roland (NOM ?).
M. René PAROUX a mis l’eau et fait les égouts du château, les eaux usées allaient dans une mare dans le parc. Quand la mare débordait, ça inondait nos terres. Il a fallu avoir une entente pour faire une canalisation qui déversait le trop plein dans un ru qui passe plus bas. Les canalisations passent sous nos terres.
Derrière les volières, dans la maison du fond, qui était avant les couvoirs, au dessus les PAROUX ont fait une salle de réception et en dessous des garages.
Mon mari allait chasser les lapins dans les bois de Courbevaux.
Quand M. René Paroux est arrivé, il avait une grande voiture qui a fini de pourrir dans les broussailles, après il a eu une DS.
Il y a eu un petit litige avec les PAROUX à propos d’une limite avec un champ.
Daniel PAROUX qui avait 16 ans représentait son père. Il connaissait rien à un alignement, mais il voulait faire le malin. Il regarde mon père en disant « ça une borne ? Pour moi, c’est un vulgaire caillou ».
Mon père était énervé, il lui a répondu : « Toi, mon garçon, quand les cons partiront pour la lune, tu seras le premier à partir».
Depuis il était surnommé ‘’Gagarine’’.
Ils ont marié une de leur fille en 1960. Ils avaient 9 enfants. Ils ont fait des grands mariages avec rotonde, traiteur et orchestre.
Il y avait un car pour ramener toute cette ‘’jeunesse’’. Toutes les filles étaient en robe blanche. C’était un mariage de toute beauté.
Les neveux de M. Paroux étaient les Beatles, une fois ils sont venus me voir pour me demander leur chemin pour aller à Courbevaux, ils allaient chanter pour un mariage. Ils étaient 3 dans leur voiture. (des sosies des Beatles ?)
On entendait la musique jusqu’à la ferme.
Il y a eu deux grands mariages et après c’est pareil ça s’est éteint.
J’ai vu un peu l’intérieur parce que notre médecin M. VARAGNIAT avait un cheval en pension chez les PAROUX, comme il n’y avait plus de grillages, il se sauvait. Mon cousin l‘a retrouvé dans un champ de colza. Le docteur était très ami avec les PAROUX, mais ils se sont fâchés par la suite. Le Cheval dormait dans l’ancienne maison des gardiens.
Le docteur VARAGNIAT a pris des photos sur lesquelles on voyait qu’ils avaient mis le feu. Dans la maison rouge (le couvoir), il y avait de la literie neuve qui a été mise dehors par des jeunes qui venaient faire la java. C’était affreux
Les Paroux nous envoyaient des cartes postales quand ils partaient en vacances, on était invité aux messes de mariage, mais on ne s’est jamais mêlé à ces gens là parce qu’ils avaient un certain rang. M. Paroux était réservé, assez dur, mais Mme Paroux c’était une belle femme, une merveille, une femme très gentille.
Au décès des parents PAROUX, il y a eu de la mésentente.
Je ne comprends pas leurs enfants, ils n’ont rien sorti de Courbevaux.
Il y avait une brebis qui est restée seule, elle est morte de vieillesse.
René était un des plus vieux qui s’est marié avec une fille que M et Mme PAROUX ont élevé, il est décédé d’un cancer au rein.
Il y avait également deux filles Paroux qui se sont mariés avec deux frères d’une autre famille, les CHAMOREAU.
Un des frères est mort au volant de sa voiture à Montargis.
Une autre des filles était partie vivre en Alsace.
Daniel PAROUX, lui est resté jusqu’au bout pour entretenir.
Les PAROUX ne sont pas inhumés ici, mais au Kremlin-Bicêtre.
La femme de René (le fils) était revenue à Moulin-Plateau sur la Commune de St Germain.
Il y a un beau-fils Paroux Chamoreau qui est décédé rue Doré à Montargis, il a tout juste eu le temps de se garer et il est mort d’une crise cardiaque.
Il y avait un couple de gardien vers les années 1970 à 1975 : Olga et Léon (source Emmanuelle Paroux)
LA MARE DES GUILLOTS
En lui montrant la photo d'un tableau d'une mare près de Courbevaux :
C’est la mare des Guillots, je la reconnais à cause du lavoir. Quand on passe sur la route, on ne la voit plus, les arbres ont poussé. C’était l’abreuvoir où on menait les vaches. Le chemin que l’on voit vient de la Ferme des Guillots. Maintenant sur la mare il y a du « calti » comme des yeux de grenouilles vert, des lentilles d’eau qui recouvrent la surface. Avant on entendait les grenouilles la nuit, mais plus maintenant.
La ferme des Guillots appartenait à M. PIRON de Montcorbon (Loiret).
Le pignon avec l’œil de bœuf, c’est chez DELAMOUR. Le lavoir n’existe plus.
CHÂTEAU DE LA VALLÉE
Mon grand-père maternel était maire de St Firmin des Bois.
Il a acheté des terres à côté du château. Il saoulait le châtelain qui aimait beaucoup la goutte. Le châtelain venait souvent le soir à la ferme, au moment du repas parce qu’il n’avait plus le sou, il mangeait avec eux.
Après le repas, ils buvaient une goutte de prune et d’autres alcools. Mon grand-père était obligé de le ramener à la Vallée avec la charrette à cheval.
La ferme des Guillots appartenait à M. PIRON de Montcorbon (Loiret).
Le pignon avec l’œil de bœuf, c’est chez DELAMOUR. Le lavoir n’existe plus.
CHÂTEAU DE LA VALLÉE
Mon grand-père maternel était maire de St Firmin des Bois.
Il a acheté des terres à côté du château. Il saoulait le châtelain qui aimait beaucoup la goutte. Le châtelain venait souvent le soir à la ferme, au moment du repas parce qu’il n’avait plus le sou, il mangeait avec eux.
Après le repas, ils buvaient une goutte de prune et d’autres alcools. Mon grand-père était obligé de le ramener à la Vallée avec la charrette à cheval.